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IA et marketing : 7 questions à Pam Didner

Publié le 25 juin 2025

Par Pauline Batteux

Pam Didner est l’invitée spéciale de l’Intelligence Marketing Day (IMD), qui a lieu ce mardi 17 juin. Spécialiste de l’IA au service du marketing, la conférencière a accepté de répondre à nos questions, à quelques heures de l’événement !

Les équipes marketing ont, depuis deux ans, intégré de manière active les outils d’intelligence artificielle dans leurs processus. Ceux-ci sont désormais utilisés pour des tâches aussi variées que la génération et l’optimisation de contenus, l’idéation, la création de visuels ou encore l’analyse prédictive des comportements clients. Mais, pressées par l’urgence de ne pas manquer le virage technologique, de nombreuses entreprises ont adopté l’IA de manière parfois précipitée, sans en exploiter pleinement le potentiel. Comment passer à l’étape suivante ?

Invitée spéciale de l’Intelligence Marketing Day (IMD), qui se tiendra à Rennes ce mardi 17 juin 2025, Pam Didner animera la conférence Optimisez votre marketing grâce à l’IA. Elle y présentera les différents types d’IA, des exemples concrets d’applications dans le marketing, ainsi que des astuces pour maximiser la collaboration entre les équipes. À cette occasion, nous lui avons posé 7 questions pour mieux comprendre sa vision de l’IA, ses usages pratiques, et les enjeux à venir.

Pam Didner

Consultante en marketing B2B, conférencière internationale et auteure, Pam Didner aide les entreprises à développer des stratégies efficaces. Spécialiste de l’alignement entre marketing et ventes, elle partage son expertise à travers des formations, des podcasts et des conférences, avec une approche concrète et orientée résultats. Forte de près de 15 ans d’expérience chez Intel, Pam Didner est également l’auteure de cinq livres, dont trois consacrés de l’IA au service du marketing.

1. Vous observez l’évolution du marketing depuis plus de 20 ans. Considérez-vous l’IA générative comme une révolution comparable à l’arrivée des réseaux sociaux, ou juste comme un outil de plus ?

Absolument. Je placerais l’IA générative au même niveau que l’arrivée de Google Search et des réseaux sociaux. Ce n’est pas juste un nouvel outil à la mode : l’IA est déjà en train de transformer notre façon de vivre et de travailler. Prenons quelques exemples : Waze utilise l’IA pour nous guider dans le trafic, Google Search fonctionne grâce à l’IA, et maintenant, ChatGPT nous aide à brainstormer, écrire, voire planifier nos journées. L’IA générative n’est pas qu’une fonction : c’est devenu une infrastructure. Elle change nos comportements, tout comme l’ont fait la recherche en ligne et les réseaux sociaux.

2. Depuis deux ans, l’IA est un sujet brûlant dans les discussions d’entreprise. Mais en pratique, où en sont réellement les équipes marketing dans son adoption ?

J’ai justement écrit une newsletter sur LinkedIn à ce sujet : l’innovation liée à l’IA avance très vite côté offre. Mais côté demande ? L’adoption dans les grandes entreprises est encore en phase de rattrapage. Parce qu’il faut passer par des contraintes réglementaires, des revues juridiques, des politiques IT et des procédures d’achat. C’est lourd. La courbe d’adoption me rappelle celle du SEO. Vous vous souvenez combien de temps il a fallu pour que les entreprises prennent le référencement au sérieux ? C’est pareil ici. Ça prendra du temps, mais ça viendra.

La newsletter de Pam Didner, intitulée Worried You’re Behind on AI? You’re Not Alone!, est disponible ci-dessous : 

Accéder à la newsletter

3. D’après votre expérience, quelles tâches marketing profitent le plus de l’intégration de l’IA générative ?

La création de contenu et l’idéation arrivent en tête. Les marketeurs utilisent l’IA générative pour rédiger des brouillons d’articles de blog, générer des textes pour les réseaux sociaux, créer des visuels, ou encore préparer des scripts vidéo. Elle est aussi très utile pour le brainstorming : demander 10 variations de titres ou 5 angles de campagne, c’est comme avoir un coéquipier créatif disponible en permanence.

Mais je rappelle toujours à mes clients et aux participants de mes sessions de traiter les réponses de l’IA seulement comme un premier jet. Il faut toujours retoucher, y ajouter sa touche personnelle.

4. Fixeriez-vous des limites à l’utilisation de l’IA en marketing ? Y a-t-il des contextes dans lesquels, selon vous, elle ne devrait pas être utilisée ?

Ma règle d’or est : « Est-ce que tu abandonnes ta créativité ? Est-ce que tu demandes à l’IA de penser à ta place ? » Si oui, fais une pause ! Pour ma part, j’ai peur, vraiment peur, de trop compter sur l’IA pour penser à ma place.

J’essaie d’abord de réfléchir moi-même, d’élaborer une ébauche d’approche ou de recommandation, puis de demander à l’IA d’affiner ou d’améliorer. Je veux continuer à penser. C’est ce qui nous rend uniques en tant qu’humains : notre capacité à réfléchir. Il ne faut pas déléguer cela à l’IA, il faut le préserver !

5. Selon vous, quelles sont les 3 erreurs les plus fréquentes que les marketeurs commettent en utilisant l’IA ?

Si je devais retenir trois erreurs, ce serait celles-ci :

  1. Rédiger une requête, puis copier-coller aveuglément la réponse de l’IA.
  2. Tenter d’automatiser absolument tout. Parfois un peu de travail manuel, une touche humaine, est nécessaire.
  3. Croire que l’IA fera gagner du temps immédiatement. En réalité, la relecture, l’affinage et la modification peuvent prendre autant de temps, voire plus.

6.  Vous accompagnez de nombreuses entreprises dans la conception et la mise en œuvre de stratégies marketing. Avez-vous un exemple d’implémentation réussie de l’IA ?

Pas encore, en tout cas pas chez mes clients. Honnêtement, la plupart sont encore dans une phase de test et d’apprentissage. À l’échelle individuelle, les gens expérimentent avec des bots et des invites. Au niveau des équipes, les entreprises s’y mettent doucement via des fonctionnalités IA intégrées à leurs outils existants ou en repensant certains processus.

Mais voilà : beaucoup d’entreprises restent discrètes sur leurs projets IA. C’est leur avantage concurrentiel, et elles sont prudentes vis-à-vis des questions de confidentialité et de propriété intellectuelle. Donc même si ça fonctionne, elles ne vont pas le crier sur tous les toits. Et elles ont raison !

7. Vous avez récemment publié le livre The Modern AI Marketer: Guide to Gen AI Prompts. Quelles recommandations concrètes donneriez-vous aux professionnels pour améliorer la rédaction de leurs prompts ?

Rédigez vos prompts comme si vous donniez un brief à une agence ou expliquiez quelque chose à un nouveau collègue. Soyez clair, donnez un rôle précis à l’IA (par exemple : « Tu es un stratège de campagne » ou « Agis comme un éditeur de contenu ») et fournissez du contexte. Trop souvent, on traite les prompts comme de simples commandes vagues. Il vaut mieux les envisager comme une conversation. Soyez clair, spécifique et structuré. C’est ainsi qu’on obtient de bons résultats, exactement comme avec des humains.

En résumé : quand vous demandez quelque chose à quelqu’un, vous faites en sorte d’être compréhensibles. Faites pareil avec l’IA.

Pour davantage de contenu relatif au marketing et à l’intelligence artificielle, vous pouvez suivre Pam Didner sur LinkedIn et Instagram

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